Le désherbage
Tout d’abord, pourquoi désherber ?
2 raisons principales au désherbage: production et esthétique.
Pour améliorer la production
Pour améliorer la production de nos fruitiers, légumes ou céréales, nous cherchons à éliminer les plantes sauvages (aussi appelées « adventices » ou « spontanées ») qui entrent en concurrence avec nos cultures. Cette raison est largement valide. Celui qui a déjà jeté des graines de légumes à la volée dans une prairie (ce qui ne donne rien) sait que nous ne pouvons nous nourrir sans détruire la végétation spontanée.

En effet, les plantes cultivées ont été sélectionnées par les paysans durant les dix derniers millénaires. Chaque année, ils resemaient les graines des plantes les plus productives, qu’ils avaient entourées de mille soins. C’est pourquoi les parties consommables des plantes cultivées sont énormes comparées à celles de leur ancêtres sauvages. Comparez par exemple une cerise à une merise (cerise sauvage), ou un épi de blé à l’épi d’une graminée sauvage. Au cours de cette lente évolution, les plantes cultivées ont perdu beaucoup de leurs défenses naturelles, devenues inutiles car elles étaient protégées par le travail des humains. Ce phénomène de co-évolution est mieux connu avec les animaux sélectionnés par les humains. Comparer une carotte cultivée à une carotte sauvage revient à comparer un chien à son ancêtre le loup, ou un mouton à un chamois. En somme, les espèces cultivées, plus facilement utilisables que les espèces sauvages, sont aussi beaucoup plus fragiles !
Au cours du XXème siècle, une hyper-sélection a produit des variétés hyper-productives mais aussi hyper-dépendantes des insecticides et herbicides pour survivre. C’est pourquoi les variétés dites anciennes (qui datent souvent d’un petit siècle ce qui est très jeune comparé à l’histoire des variétés) ont un tel intérêt : elles représentent un bon compromis entre autonomie de la plante (sa capacité à se nourrir, à résister aux maladies et aux ravageurs) et productivité. On dit que ces variétés sont « rustiques ». Mais que dire alors des plantes sauvages, souvent appelées « mauvaises herbes »? Nous devons leur reconnaitre de grandes qualités : elles sont parfaitement adaptées à leur milieu et de ce fait poussent sans engrais, ni soin, ni irrigation. Elles sont peu sensibles aux maladies. Elles abritent et nourrissent une immense biodiversité indispensable au jardin, de très nombreuses d’entres-elles sont même comestibles… Les mauvaises herbes sont donc un modèle idéal pour le permaculteur : si nos légumes poussaient comme des mauvaises herbes, le travail du jardinier serait aisé !
Ceci explique bien pourquoi il est nécessaire de désherber lorsqu’on souhaite faire pousser des légumes potagers : on arrache les plantes spontanées pour éviter qu’elles ne concurrencent nos légumes. Car nos cultures, plus faibles que les plantes sauvages, ne pourraient pas rivaliser dans la recherche des nutriments et de l’eau (concurrence racinaire) et dans la recherche de la lumière (concurrence des parties aériennes/étouffement).
La seconde motivation du désherbage est l’esthétique.

C’est une attitude profondément ancrée dans notre culture : beaucoup de gens disent qu’ils ont « nettoyé » une parcelle pour décrire l’action de désherber. Dans un inconscient collectif puissant, la nature est sale, menaçante et seule sa maitrise (jardin à la française) peut satisfaire l’œil et favoriser le repos. Cela vient probablement des centaines de milliers d’années que nos ancêtres ont passé en une difficile lutte pour la survie dans une nature hostile (prédateurs, pénuries…). Il reste que de nos jours, la nature est moins une menace pour l’humain que l’inverse. Aussi il convient de revoir nos « canons de beauté » des paysages.
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